Un article sur l’ennui des enfants

La complainte de l’enfant désœuvré est une musique que tout le monde connaît. Comment réagir ? Eh bien il semble que la meilleure solution soit…de ne rien faire.

Certes l’ennui peut être problématique, particulièrement pour l’adolescent, chez qui il peut figurer les prémices d’un état dépressif ou déboucher sur un rejet des cadres imposés, en premier lieu au sein des institutions scolaires. Mais si l’on sort du domaine pathologique, cet état fait office de régulateur, de développement d’une interface cérébrale avec le monde extérieur, et contribue à la construction d’une vie qui a du sens.

Apprendre à canaliser l’ennui s’avère être une force, qu’il importe de développer dès le plus jeune âge. En effet, les parenthèses d’inactivité permettent à l’enfant ou à l’adolescent qui s’ennuie de ressentir un manque et d’interroger ce sentiment : c’est une étape fondamentale de la formation du désir, de sa mise en mots, puis des actions à entreprendre pour le concrétiser. Confrontés à une période de vide, les enfants et adolescents développent un sens aigu d’eux-mêmes : ils sont amenés à construire leur propre identité et à stimuler leur créativité en cherchant des occupations.

Dans le cadre d’une conférence centrée sur la petite enfance donnée à l’Université de Winchester (Angleterre) en 2012, la neuroscientifique Susan Greenfield déplorait les emplois du temps souvent surchargés des enfants d’aujourd’hui comme leur sur-stimulation. Or, comme elle le soulignait, « S’ils ne sont pas soumis à des stimulations extérieures, ils doivent générer leur propre activité. De mon point de vue, il s’agit d’une bonne leçon à apprendre. » Cette capacité a gérer l’ennui est d’autant plus importante qu’elle permet de développer de larges répertoires de réactions face aux contrariétés de la vie, et de devenir des adultes plus résilients.

(Source Magazine SciencesPsy, Willis et Teboul)

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