Affronter une maladie grave

Lorsqu’on est amené à vivre ce type d’épreuve, il arrive de ressentir de l’incompréhension, du refus d’accepter – le diagnostic, le traitement éprouvant ou l’issue fatale – de la tristesse voire de l’abattement et de l’isolement.

La confiance en ses médecins, en la vie – en ses chances d’affronter le mal, de prolonger sa vie avec dignité – ne pourra s’envisager qu’avec le soutien, l’accompagnement et l’amour des proches.

Viennent ensuite les traitements et protocoles que la médecine propose.

Commence alors le long chemin semé d’embûches, de douleurs, de découragement, parfois de rémission ou de guérison.

Il existe une technique pour traverser cette épreuve avec légèreté et espoir.

Connaissez-vous les 3A ?

Accueillir : la maladie, car être dans le déni ne mène à rien. Je choisis de ne pas lutter.

Accepter : le diagnostic et le traitement proposé par les médecins. L’acceptation est l’opposé de la victimisation où l’on se complaît dans son état pour éviter d’affronter les vrais problèmes. J’apprends à vivre avec la maladie.

Il reste le dernier A et sans doute le plus difficile, l’Appréciation.

« Apprécier » la vie en donnant un sens à la maladie semble impossible et pourtant… Je transmute la maladie en force, je me transcende et j’évolue.

Jean, 78 ans, membre d’AOM nous livre son témoignage :

« Il va falloir vous soigner monsieur». Même si on y est plus ou moins préparé, cette phrase tombe comme une sentence. « Ok docteur, mais je veux savoir : quelles sont les « chances » de guérison ? « Parlons plutôt de rémission !!!

La phrase est claire, je comprends vite. J’en parle avec mon épouse, ma décision est prise : me soigner, faire confiance et m’en remettre aux praticiens.

Suivent alors quantité d’analyses et d’examens : biopsie, pet scan, scanner, qui confirment le diagnostic.

Un coup d’œil sur internet pour apprécier ce langage médical : « L’espérance de vie pour ce type de cancer est relativement réduite. Selon les estimations, elle est de 3 mois en cas de métastases multiples … ». Curieusement, aucune peur ni angoisse : j’ai la « chance » de savoir qu’à part un AVC ou un accident, je mourrais d’un cancer et que ce sera plutôt tôt que tard !!! Qui peut en dire autant ???

Moi qui a toujours tout programmé, prévu, organisé, j’ai devant moi un beau challenge : devoir sans plus attendre, préparer cet « à venir » en terminant certains dossiers personnels en instance afin de faciliter la vie « d’après » de mes proches.

Parallèlement, lâcher prise de tout ce qui était jusqu’à présent préoccupations et priorités et m’en remettre à mes enfants (mon épouse ayant le rôle essentiel de supporter les inévitables « mauvaises humeurs » annoncées doctement par la médicamentation des traitements !!!).

Parler, parler aussi souvent et naturellement avec mes proches de nos ressentis réciproques, répondre à nos interrogations mutuelles, rire et aussi pourquoi pas, pleurer ; bref lâcher prise avec sourire et humour en banalisant la « chose » !!!

 Je ressens le besoin de me soucier de la santé des autres, de leurs joies ou de leurs peines, d’être plus proche de ce monde qui m’entoure et que je côtoyais de façon plus superflue «avant».

 Je n’ai pas vu passer la première chimio de 3 jours en hospitalisation. Mes cheveux qui devaient me quitter juste après, ont fait de la résistance et j’ai dû attendre près de 3 semaines avant de voir à quoi je ressemblais le crâne rasé !!! Bon, ça ira, il y a pire : j’ai le choix entre Michel Blanc et Yul Brinner !!!

Je ne souffre pas : les comprimés que je prends (bien en dessous de la posologie prescrite en cas de besoin), me soulagent et si ce n’était une fatigue que je pourrais qualifier de normale à mon âge, ou quelques douleurs costales comme après un combat de boxe, je ne saurais dire que j’ai un cancer.

Je me chouchoute : je n’ai jamais utilisé autant de crème pour les jambes, les mains, le corps que maintenant… pédicure et manucure s’y ajoutent. Je me laisse chouchouter aussi sans réticence.

J’essaie de répondre aux nombreux messages de mes amis … je ne pensais pas que je pouvais recevoir autant de messages.

Comme il ne faut pas maigrir, j’en profite et je savoure au maximum le goût de la nourriture bien que les saveurs d’avant me fassent défaut (la faute aux médocs).

J’ai tiré tout naturellement un trait sur ce que l’âge et la maladie ne me permettent plus de faire et que j’ai tant aimé faire comme une brute : retaper une ruine , débroussailler mon coin de forêt dans le Var, marcher vers Compostelle ….. par contre  j’apprécie différemment en les savourant, chacun de mes gestes, de mes actes de chaque jour….

Je suis en paix avec moi-même, avec les autres, je n’ai aucune peur, plus aucun goût pour les conflits ou les discussions stériles qui ne mènent à rien de positif, chaque matin en ouvrant mes fenêtres, je savoure la journée que je vais encore pouvoir passer avec ceux que j’aime pour un petit café ou un repas.

Reste en suspens la question de la fin de vie, du refus naturel de l’acharnement thérapeutique, du refus d’être une charge pour les siens, de la dégradation physique ….

Mes amis me jugent « fort », me qualifient de « guerrier »,  me félicitent, et sont assurés de ma « victoire ».

C’est gentil, mais ce n’est pas moi : ma « force » c’est ma famille, l’amour que je ressens et que je reçois, et aussi – mais c’est là mon petit coin à moi – l’aide de Dieu qui me donne paix et sérénité. Je m’en remets à Lui chaque matin en toute confiance.

Rien d’exceptionnel …. Juste de l’Amour,  de la confiance, ici et maintenant et pour le temps encore à venir… ».

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