3 choses à savoir sur la bipolarité…

« 3 choses à savoir sur la bipolarité pour arrêter de la banaliser » est le titre d’un article du Huffington Post signé par le psychiatre le Dr Elie Hantouche.

« Tout le monde parle de bipolarité, un trouble en pleine expansion médicale et médiatique. Ce mot se trouve actuellement utilisé à tort et à travers, voire banalisé, pour justifier de simples sautes d’humeur ou des changements comportementaux brusques et inattendus. C’est un des risques attendus quand les médias s’intéressent à un trouble: livres, magazines, séries télé, films, émissions télé…

Pourtant la bipolarité indique un trouble sérieux avec des complications multiples sur la santé mentale et physique. Le problème fondamental qui se pose face à cette « médiatisation banalisante » concerne la définition la plus correcte de ce trouble. En effet, on assiste depuis l’origine du terme « bipolaire » qui date du début des années 50 du siècle dernier (Kleist 1953, Allemagne) à des changements perpétuels des critères qui permettent de définir la bipolarité.

C’est quoi un trouble bipolaire?

La bipolarité est définie par la présence, à côté des dépressions, des épisodes « maniaques » (phases sévères d’excitation, d’hyperactivité, d’agitation mentale et comportementale) avec une intensité et sévérité variables. Les formes atténuées de manie sont désignées « hypomanies » du fait de l’absence de délire, de trouble sévère du jugement ou de nécessité d’une hospitalisation urgente.

Dès le début des années 70, on a assisté à une démultiplication des formes cliniques de la bipolarité qui comportent:

Trouble BP-I (en cas de manie),

Trouble BP-II (en cas d’hypomanie spontanée),

Trouble cyclothymique (en cas d’alternance d’épisodes d’hypomanie et de dépression d’intensité modérée sur une période d’au moins 2 ans)

Troubles bipolaires spécifiés ailleurs où les symptômes typiques sont présents mais ne répondent pas aux critères exigés pour les formes classiques, comme les cas d’hypomanie avec peu de symptômes ou de courte durée (2 – 3 jours) ou récurrente sans antécédent d’épisode dépressif

D’autres formes qui sont liées à un abus de substance (alcool, cocaïne) ou à une maladie somatique

La bipolarité est-elle correctement dépistée?

Les changements des critères de définition des épisodes de la bipolarité ont certainement induit une extension du territoire bipolaire avec des chiffres de prévalence qui ont grimpé de 1% à 4-6% de la population générale. Ces changements ont, en quelque sorte, contribué à banaliser la bipolarité à tel point que certains psychiatres réfutent systématiquement de le diagnostiquer avec l’argument lapidaire que « tout le monde est maintenant bipolaire » ou « c’est un trouble à la mode » !

Cela dit, le constat dans la pratique clinique nous révèle que la bipolarité est mal dépistée: le diagnostic est hâtivement porté en quelques minutes ou éliminé aussi vite avec quelques questions. Ce constat indique la nécessité d’une méthode de dépistage systématique des indices évocateurs de la bipolarité avec un recours aux questionnaires spécifiques: checklist d’hypomanie (2 versions à 20 et 32 items), questionnaire des tempéraments (cyclothymie et hyperthymie) et questionnaire des dépressions bipolaires.

Le dépistage peut encore être mieux précis et utile si on le cible aux cas de dépressions avec la règle des « 3 »:

3 dépressions ou plus

3 antidépresseurs pris ou plus

3 médecins consultés ou plus

3 diagnostics différents dans le temps ou selon les médecins

3 troubles associés (anxiété, boulimie, alcool, addictions, trouble de la personnalité…)

En effet, cette règle signifie qu’une bipolarité non reconnue va évoluer sous la forme de dépressions résistantes, récurrentes ou aggravées par les antidépresseurs.

Comment peut-on améliorer la connaissance de la bipolarité?

Il est clair que le critère « polarité » des épisodes représente un facteur principal ; mais d’autres facteurs aussi importants doivent être considérés pour compléter le profil clinique de la bipolarité comme :

Les liens et les transitions intimes entre les hauts et les bas qui forment des cycles avec des séquences spécifiques

Le mode évolutif des épisodes

La nature des tempéraments affectifs: présence dès le jeune âge des traits persistants d’instabilité et d’hypersensibilité émotionnelles (tempérament cyclothymique) ou des traits d’intensité et de force affectives (tempérament hyperthymique).

La combinaison de ces 4 facteurs permet de répondre aux défis actuels pour la recherche et la pratique:

Mieux définir les stades précoces ou juvéniles de la bipolarité (avant l’âge de 15 ans)

Prédire les jeunes à haut risque de développer un trouble bipolaire (p. ex. les jeunes avec un parent bipolaire). Récemment on a pu valider la valeur prédictive de 3 dimensions: labilité affective (cyclothymie), anxiété et symptômes maniaques ».

Au sein d’AOM, il y a des membres qui ont traversé ce type d’épisodes, qui vont mieux actuellement et qui pourront vous éclairer utilement.

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